9 octobre 2008
Une grande étude comparative en milieu hospitalier révèle que la vaccination antipneumococcique est associée à une baisse de 50 % du taux d'infarctus du myocarde deux ans après l'exposition. Cette étude dirigée par la professeure Danielle Pilon de l'Université de Sherbrooke est publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne.
Dans une population à haut risque d'infarctus du myocarde, les chercheurs ont comparé le taux de vaccination antipneumococcique des patients qui ont subi un infarctus avec celui des personnes qui n'en n'ont pas eu.
«Au départ, nous voulions vérifier une hypothèse,» raconte la chercheuse. «Les spécialistes du traitement de l'infarctus du myocarde, qu'on appelle communément la crise cardiaque, observent souvent des patients dont les facteurs de risques sont très bien gérés, mais qui font tout de même un épisode. L'hypothèse est donc que l'infection serait un facteur qui peut causer la crise cardiaque.» Pour poursuivre les recherches sur cette hypothèse, la professeure Pilon et son équipe ont comparé les données de près de 2000 patients présentant plus de deux facteurs de risque d'infarctus (par exemple l'hypertension, le taux de cholestérol et l'embonpoint). «Notre étude démontre que les patients qui avaient subi un infarctus du myocarde étaient environ deux fois moins susceptibles d'avoir reçu un vaccin contre la bactérie que ceux du groupe qui n'avaient pas fait d'infarctus», déclare la professeure. «De plus, cette association semblait plus apparente et l'avantage de la vaccination plus élevé, à mesure qu'augmentait le temps écoulé depuis l'exposition au vaccin.»
Au Québec, le vaccin contre le pneumoccoque est gratuit pour certaines populations à risque, incluant les personnes de 65 ans et plus, les patients souffrant de maladie chronique et les patients atteints d'une maladie du cœur. Or, une grande partie des patients faisant partie de l'étude de la professeure Pilon sont éligibles à cet outil de prévention, mais, indique-t-elle, «les données que nous avons indiquent que seulement 20 % des personnes éligibles à ce vaccin se sont prévalues de cette opportunité». Si l'étude ne démontre pas un lien direct de cause à effet avec la vaccination (puisqu'il est impossible de volontairement infecter des patients), elle fournit des données très probantes soutenant l'hypothèse. Danielle Pilon recommande donc aux patients à risque de profiter des programmes de vaccination gratuite, la vaccination étant sans danger et pratiquement sans effets secondaires.
Signalons que le pneumocoque (Streptococcus pneumoniæ) est une bactérie pouvant causer plusieurs types d'infection, comme des otites, des sinusites et des conjonctivites, mais aussi plusieurs infections graves comme une pneumonie, une infection sanguine ou une méningite.
La recherche de la professeure Pilon a bénéficié d'appuis régionaux importants, particulièrement de la part de la Direction de la santé publique de l'Estrie, qui a fourni les fonds pour réaliser cette étude. La collaboration du CHUS pour l'information tirée de la base de données a été plus que précieuse, selon la médecin. Danielle Pilon est professeure au Service de médecine interne du Département de médecine de la FMSS. Elle est aussi chercheuse de l'axe Populations et services au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke (IUGS) et elle travaille au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
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